Générique habituel d’introduction avec la voix de Jack : Torchwood, indépendante du gouvernement, plus autonome que la police. Nous traquons toute forme de vie extra-terrestre sur Terre pour armer et préserver le futur de la race humaine. Le 21ème siècle est celui de tous les changements, et on doit s’y préparer.
EXTERIEUR - UNE ROUTE DE CAMPAGNE - NUIT
Une longue route étroite s’étend à perte de vue, flanquée sur les côtés de talus d'herbe fournis. Une voiture apparaît, s’avance vers la caméra, ses feux de route éclairant l’obscurité. Un téléphone sonne.
INTERIEUR - LA MEME VOITURE - NUIT
Une jeune femme, Ellie Johnson, au volant, seule, répond sur son téléphone mobile.
ELLIE : Papa ? J’sais pas. Dans une heure et demi maximum. Je serai là dès que possible… Je t’entends pas… J’ai plus de signal.
Elle ne capte plus. Ellie regarde son portable avant de l’éteindre et le jette sur le siège passager. Lorsqu’elle lève les yeux vers la route, elle ralentit.
PLAN COUPE SUR
Ce que voit Ellie à ce moment précis -un corps est allongé en travers de la route, éclairé par les phares de la voiture. Un homme, allongé sur le flanc, tournant le dos à la voiture, une capuche recouvrant sa tête. Ellie arrête la voiture, intriguée. Elle réalise très bien qu’elle se trouve toute seule sur une route de campagne, en pleine nuit. Elle sort lentement de la voiture et attrape une batte de base-ball qui se trouve sur le siège d’à côté. Elle s’avance vers la silhouette sur la route, brandissant sa batte, prête à se défendre. Elle croit à un piège, une farce.
ELLIE : Bonjour, ça va ?
Lorsqu’elle approche de la silhouette, elle lui donne un léger coup avec sa batte. Une ombre surgit soudain entre Ellie et sa voiture, à qui elle tourne le dos. Ellie n’a rien vu. Elle redonne un coup avec sa batte et la tête du corps allongé vient rouler à ses pieds : ce n’est qu’un ballon rembourré. Elle entend un bruit derrière elle et se retourne, brandissant toujours sa batte en l’air et elle court vers sa voiture. Affolée, elle se rend compte que son pneu est dégonflé, l’air s’en échappe encore. Elle regarde autour avant de remonter dans la voiture. Elle essaie de démarrer mais la clé n’est plus sur le contact. Elle fouille le siège passager, puis s’arrête, avant de verrouiller les portes. Elle saisit son portable. Toujours pas de réseau.
ELLIE : S’il te plaît !
Elle jette le téléphone, paniquée, et se met à pleurer. Elle entend un crissement métallique sur le toit de la voiture et regarde tout autour d’elle, tentant de voir à travers la carrosserie. La voiture tremble et les portières s’ouvrent toutes seules. Une silhouette apparaît sur le côté de la portière. Alors que la silhouette l’attrape, Ellie tente de s’agripper au siège passager, en criant.
Générique de début
EXTERIEUR - MEME ROUTE - JOUR
Le 4x4 de Torchwood roule sur la route.
OWEN : Je déteste la campagne.
Jack est au volant, Owen est sur le siège passager, visiblement mécontent. Ianto, Gwen et Toshiko sont à l’arrière.
OWEN : C’est sale, aucune hygiène, et c’est quoi cette puanteur ?
GWEN : Ça doit être l’herbe.
Owen se retourne vers elle.
OWEN : C’est dégoûtant.
EXTERIEUR- BARAQUE ITINERANTE- UN PEU PLUS TARD
Le 4x4 est garé sur le bord de la route, sur l'herbe. Une carte routière est dépliée sur le capot.
JACK : 17 disparitions au cours de ces 5 derniers mois. La police n’a aucune piste.
OWEN : Ça c’est étonnant. Ne te vexe pas agent Cooper.
Il rit, lève les bras au ciel en signe d’abandon et s’éloigne en piétinant, Gwen sourit de sa taquinerie.
JACK : La dernière en date a eu lieu comme toutes les autres, quelque part dans ce coin là.
Jack indique un point sur la carte. Gwen et Toshiko étudient la carte avec lui.
TOSHIKO : Toutes dans un rayon de 30 kilomètres.
GWEN : Aucun autre lien entre les victimes ?
JACK : Aucun corps de disparu n’a été retrouvé. Ils ne figuraient plus sur le radar. Aucun critère d’âge, de sexe ni de race. Ils sont là et la minute qui suit, pff… envolés.
GWEN : La Faille ne s’étend pas aussi loin que ça ?
JACK : On ne sait pas grand chose là-dessus, aucune certitude, et son activité ne cesse d’augmenter.
OWEN : C’est bon, ça suffit. Les aliens ne vont pas s’emmerder à venir traîner par ici. C’est sans doute une sorte de club de suicide obscur, des gens qui choisissent le même endroit pour en finir. C’est clair, j’aurais aussi envie de me flinguer si je devais croupir dans le coin.
Ianto s’avance vers eux, depuis la camionnette, et tend à Owen un hamburger.
IANTO : Tiens.
Il va ensuite vers le 4x4 pour donner à chacun un hamburger. Owen secoue sa main et retire son gant.
IANTO : Faites gaffe, c’est chaud. T’es sûre que tu n’en veux pas Tosh ?
TOSHIKO : Absolument. Une de mes amies a attrapé une hépatite en mangeant un hamburger acheté dans une de ces camionnettes.
En entendant ces mots, Gwen et Ianto s’arrêtent de manger. Jack pose son hamburger sur le capot, en soupirant.
JACK : On va commencer par la dernière victime, Ellie Johnson. La dernière fois qu’on l’a entendue, elle téléphonait. Elle a dû perdre le signal au milieu de son coup de fil. La couverture de l’émetteur situe sa position quelque part... ici.
Jack indique un point sur la carte.
JACK : Cet endroit me semble pas trop mal pour camper.
Owen est sur le point de croquer dans son hamburger quand il entend ce que vient de dire Jack.
OWEN : Pardon. Tu as bien dit camper ?
Jack sourit devant la mine dégoûtée d’Owen.
EXTERIEUR- EN PLEINE CAMPAGNE- SOIR
Le 4x4 est garé sur un terrain d’herbes coupées, niché entre des collines rocailleuses. Jack et Owen portent de bout en bout une tente qu’ils ont sortie du coffre.
OWEN : Pourquoi on va pas à l’hôtel ?
Ils passent devant 2 tentes déjà montées.
JACK : Des gens disparaissent dans ce coin. Tu tiens vraiment à aller dans un endroit tenu par des inconnus ?
OWEN : Oh, parce que dormir dehors ce sera beaucoup plus sûr !
JACK : Aucune autre race dans l’univers ne va camper. Fais honneur à ta spécificité.
Owen lâche son bout de tente, il est frustré, Jack retourne vers le 4x4, laissant Owen se dépatouiller avec la tente pliée.
OWEN : Et je suis censé faire quoi avec ça moi ?
TOSHIKO : Tu veux que je t’aide à la monter, Owen ?
OWEN : Si j’avais besoin d’un coup de main, c’est pas à toi que je le demanderais !
Toshiko retourne à son ouvrage : monter sa propre tente. Elle est vexée par le commentaire d’Owen. Owen l’ignore et donne un coup de pied dans la bâche. Gwen regarde Toshiko qui retourne à sa tente, mal à l’aise.
PLAN COUPE SUR
L'équipe vue par quelqu'un.
Caché derrière des arbres, sur l’une des collines avoisinantes, quelqu'un observe Owen qui lutte contre un vent grandissant pour planter sa tente.
OWEN : Il manque des pièces.
IANTO : Non, j’ai vérifié.
La personne qui les épie observe Ianto qui se dirige vers sa tente, puis lorgne sur le 4x4 laissé ouvert.
PLAN COUPE SUR - CAMPEMENT-PLUS TARD
Owen se démène encore pour planter sa tente, Toshiko, Gwen et Ianto s’occupent de sortir du matériel.
GWEN : Oh allez, prends ça comme un jeu. C’est qui la dernière fille que tu as bécotée ?
OWEN : On dirait une gamine de 8 ans. Qui dit encore « bécoter » ?
Jack est assis dans le 4x4, il observe les collines, il consulte son bracelet et ignore les autres.
GWEN : Moi c’était Rhys.
OWEN : Oh ça c’est une surprise !
GWEN : Tosh, à toi.
TOSHIKO : C’est facile pour toi.
GWEN : Oh allez, crache le morceau.
Ianto porte une table dans leur direction, il ne veut visiblement pas participer à la conversation.
TOSHIKO : Owen.
OWEN : Quoi ?
GWEN : C’est vrai ?
OWEN : Ouais dans tes rêves.
TOSHIKO : 3h du matin, la veille de Noël, en face du Millenium Center, j’attendais un taxi. J’avais du gui.
OWEN : A Noël. Tu… n’as embrassé personne depuis ?
TOSHIKO : Non.
Ils s’assoient tous sur des caisses autour de la table, au milieu des tentes érigées.
OWEN : Eh bien, j’en ai de la veine !
TOSHIKO : Et toi, c’était qui ?
Owen ricane, faisant tournoyer une cuillère entre ses doigts, Gwen lui sourit puis devient plus sérieuse, elle comprend qu’il va peut-être leur parler de leur baiser dans la salle d’autopsie.
OWEN : En fait, c’était Gwen.
Jack les regarde depuis le 4x4, cette révélation le surprend. Gwen se sent mal à l’aise et Toshiko la regarde avant de se tourner vers Owen, d’un air qu’elle veut détaché.
TOSHIKO : Et c’était quand ?
Owen se contente de sourire à Gwen et lui laisse le soin de répondre.
GWEN : Oh, c’est un peu compliqué.
TOSHIKO: Tu n’as pas perdu de temps pour te mettre les pieds sous la table.
GWEN : Quoi ?
TOSHIKO: Donc, c’était juste un bisou ou…
Jack sort du 4x4 et les rejoint.
GWEN : Tosh, laisse tomber.
OWEN : Jack ?
JACK : Est-ce qu’on compte les formes de vie non humaines ?
GWEN (riant) : Oh, c’est pas vrai !
OWEN : Tu es un grand malade, Harkness. C’est dégoûtant !
GWEN : Je sais jamais s’il plaisante ou pas.
Jack rit.
IANTO : C’est à mon tour, non ?
Ianto parle la tête baissée, visiblement éprouvé, et jusque là totalement ignoré par les autres. Ils le regardent. Gwen sourit encore à Jack.
IANTO : C’était Lisa.
Gwen ne rit plus. Jack la regarde furtivement.
GWEN : Ianto, je suis désolée.
IANTO : Désolée de parler d’elle ou désolée qu’elle soit morte ?
GWEN : Je n’ai pas réalisé…
IANTO : T’avais oublié.
Gwen se tourne vers les autres à la recherche d’une aide quelconque, qui ne vient pas. Ils restent un moment sans parler.
OWEN : On devrait aller chercher du bois pour faire du feu.
Gwen se lève à ses côtés, soulagée de changer de sujet.
GWEN : Je viens avec toi.
Ianto les regarde s’éloigner, puis fixe Jack qui lui rend son regard, sans dire un mot, agacé que Ianto ait abordé le sujet. Ce denier finit par détourner son regard.
EXTERIEUR - DANS LES BOIS - SUITE
Gwen et Owen marchent dans la forêt, à la recherche de bois, Gwen marche devant.
GWEN : T’aurais pas pu garder ça pour toi ?
OWEN : Où est le problème, ça t’as gênée ?
GWEN : Parfois t’es vraiment qu’un sale con arrogant Owen.
OWEN : Dans mon souvenir, c’était un super baiser, limite l’extase, tellement bon d’ailleurs que tu m’évites depuis.
GWEN : Ah, l’air de la campagne te fait délirer !
OWEN : Combien de temps ça a duré, 10 secondes ? Et ce que je peux conclure de ce baiser…
GWEN : Ouais, quoi ?
OWEN : C’est que ta vie sexuelle n’est pas très excitante.
Gwen saisit Owen par son blouson et le plaque contre un arbre, folle de rage.
GWEN : Quoi !
OWEN : Rhys a beau remuer ciel et terre, il assure pas des masses, pas vrai ?
GWEN : Tu ferais mieux de la fermer avant que je t’en colle une !
Owen réussit à se décoller de l’arbre et à plaquer à son tour Gwen contre celui-ci. Il la serre de près et lui parle doucement près de ses lèvres.
OWEN : C’était quand la dernière fois où tu as baisé toute la nuit ?
Gwen essaie de se débattre mais Owen la maintient de force, elle le saisit par la nuque. A mesure qu’il lui parle, elle ressent une envie grandissante de l’embrasser.
OWEN : C’était quand la dernière fois où t’as eu un orgasme si long et si fort que t’as oublié où t’étais ? T’as jamais connu ça avec lui, vous êtes trop proches. Alors que nous deux, on se connaît pas du tout. Ce serait d’enfer, et c’est ça qui te fait flipper.
Ils sont sur le point de s’embrasser lorsque Gwen aperçoit une silhouette qui traverse les bois à quelques mètres d’eux, faisant craquer une petite branche. Gwen tient toujours Owen par la nuque, et lui parle, ses lèvres contre les siennes.
GWEN : Il y a quelque un qui nous observe, à travers les arbres, à 40 mètres au Nord, je viens de le voir bouger.
OWEN : T’as ton arme ?
GWEN : Oui.
OWEN : Tu vas à gauche, je vais à droite, 1, 2, 3...
Gwen touche légèrement les lèvres d’Owen avant qu’ils ne se séparent chacun de son côté, arme au poing. Ils fouillent du regard la forêt mais la silhouette a disparu. Gwen est abasourdie, chaque bruit d’oiseau la fait changer de position, son arme toujours braqué devant elle, elle virevolte, puis pointe son arme vers Owen, qui fait de même de son côté.
OWEN : Fais chier ! Comment on a pu le perdre ?
Gwen aperçoit quelque chose dans une clairière, et pointe son arme dessus. Owen se retourne pour l’imiter. Ils s’avancent prudemment vers un corps allongé sur le sol, recouvert de draps. Gwen intime à Owen d’y aller en premier, il saute par-dessus un petit bosquet, pour viser sa cible. Gwen le couvre. Owen s’accroupit pour soulever à l’aide d’un bâton le drap qui recouvre le corps. Il continue de pointer son arme dessus de sa main gauche. Il retire le drap et découvre un corps humain sans peau; et il manque de s’étouffer.
OWEN : Whoa !
Owen regarde le corps en luttant pour ne pas vomir, Gwen respire à grand peine, sous le choc, derrière. Des mouches s’agglutinent autour du cadavre.
EXTERIEUR - CLAIRIERE - PLUS TARD
Owen et Gwen ont été rejoints par Jack et Toshiko. Gwen est adossée contre un arbre, le regard ailleurs. Owen étudie le cadavre, Toshiko est à genoux devant le corps et Jack, debout, les observe travailler.
JACK : En tout cas, c’est certain, ce n’est pas Ellie Johnson. C’est un homme, dans les 40/50 ans.
Owen indique le visage du cadavre mangé par les vers. Ianto installe un périmètre de sécurité pour scène de crime, à l’aide d’un déroulant officiel.
OWEN : Il n’a pas été tué ici. Pas de trace de sang ni de lutte. On l’a amené ici après l’avoir tué.
GWEN : Pourquoi faire ça ? C’est pas comme si on voulait l’enterrer ici.
TOSHIKO : Vous les avez peut-être surpris et ils ont pris la fuite.
IANTO : C’est peut-être un avertissement, celui qui a fait ça voulait marquer son territoire.
JACK : Cause du décès ?
OWEN : Impossible de le dire. Le corps a été complètement décharné et les organes disparus, tout ce qu’il en reste c’est une carcasse.
TOSHIKO: Est-ce que les weevils auraient pu venir jusqu’ici ?
JACK : Non. Les weevils n’achèvent pas leurs victimes de cette manière.
Ils entendent soudain un moteur de voiture.
GWEN : C’est la nôtre ?
JACK : Ouais !
Ils s’éloignent de la clairière, Owen reste près du corps, accroupi.
EXTERIEUR- CAMPEMENT- SUITE
Le 4x4 déboule sur les tentes. L’équipe court vers le campement et le voleur s’enfuit au volant à toute vitesse. Owen, Toshiko et Ianto s’arrêtent de courir une fois dans le campement. Ils ramassent leurs affaires. Jack et Gwen courent encore un peu mais le 4x4 est désormais hors de portée.
OWEN : C’est bon, j’ai dit, je m’excuse !
Tandis qu’ils se disputent, Gwen range un peu le désordre, Jack marche sans but précis, et Ianto piste le 4x4 grâce à un gadget portable.
TOSHIKO : C’est le protocole de sécurité de base, Owen.
OWEN : Ne monte pas sur tes grands chevaux. J’étais en train de décharger ce putain de matos.
TOSHIKO : Quoi, pendant tout ce temps ?
OWEN : Et ensuite, j’ai essayé de monter cette fichue tente, et puis… ouais j’ai dû… oublié les clés dans la voiture, mais je m’excuse, l’erreur est humaine, et j’ai merdé !
JACK : Ce corps, ce n’était pas un avertissement, mais un leurre.
GWEN : Ça veut dire que quelque un nous observe depuis notre arrivée.
JACK : Tosh, tu peux suivre son signal à la trace ?
IANTO : C’est déjà fait. J’en ai pris la liberté… Il est actuellement à 5kms et demi d’ici, vers l’ouest.
OWEN : En roulant à 140/h, quand tu voles une bagnole aussi sophistiquée, tu tailles la route jusqu’au petit matin.
IANTO : En fait, non, il ne bouge plus depuis environ 4 minutes. J’irais même jusqu’à dire qu’il est garé quelque part.
Gwen lit une carte routière.
GWEN : Il y a un petit village dans la région, sinon plus rien dans un rayon de 50 kilomètres.
TOSHIKO : Traitez-moi de parano mais ça ressemble bel et bien à un piège.
JACK : Ouais, je me disais exactement la même chose. Qui est partant pour une petite promenade ?
Jack commence à marcher, le sourire aux lèvres, excité par l’aventure. Les autres se regardent mutuellement avant de le suivre. Ils marchent lentement à travers les bois, lorsqu’ils voient une rangée de briques grises en ruine, des maisons de 2 étages avec terrasse laissées à l’abandon, au milieu des collines.
OWEN : Qui voudrait vivre ici ?
JACK : Est-ce que le 4x4 a bougé ?
Ianto vérifie son pisteur et sa montre.
IANTO : Non, toujours immobile depuis… une heure maintenant.
Il s’avance vers les maisons, suivi par le reste de l’équipe.
EXTERIEUR – MAISONS - PLUS TARD
Ils avancent en rang vers les maisons. Ils s’arrêtent devant l’ entrée caillouteuse et souillée de celles-ci. De l’eau ruisselle d’une pompe à eau et se répand sur l’herbe. Un tracteur est garé non loin de là. Des pneus et des bouts de métal parsèment le terrain, laissés à l’abandon. Jack s’avance vers un café/bar dont l‘enseigne « la guinguette » est fixée au beau milieu de ces façades en briques.
PLAN COUPE SUR
Ce que voit un habitant du village. Quelqu’un observe l’équipe depuis le second étage de la maison, derrière la fenêtre. Jack s’arrête et se retourne pour faire face aux autres.
JACK : Tosh, Ianto, continuez de suivre le signal et retrouvez le 4x4. Owen, Gwen, allons voir s’il reste une chambre dans cette auberge.
Jack se dirige vers l’entrée, suivi de Gwen et Owen. Toshiko et Ianto s’éloignent vers l’arrière des maisons.
INTERIEUR - LE CAFE - SUITE
Jack ouvre la porte du café et entre. C’est un modeste bar, assez désuet, qui à l’origine devait être une salle de séjour. Personne à l’intérieur. Des chaises et des tables en bois sont dispersées ça et là, uniquement éclairées par une lueur provenant d’une fenêtre à l’autre bout de la pièce. Jack allume sa lampe torche pour y voir plus clair, Gwen et Owen font de même, après avoir refermé la porte derrière eux. Jack indique à Gwen et Owen où ils doivent chercher. Puis il s’éloigne sans faire de bruit. Gwen va derrière le comptoir. Owen devant, à la place du client.
OWEN : Une pinte de ta meilleure bière, chérie, et euh… sers t-en une de ma part.
Il sourit mais Gwen reste ébahie, il ne cesse de plaisanter. Jack sourit puis retourne à ses fouilles sans faire de commentaires. Owen s’éloigne du bar. Gwen active la vieille caisse qui s’ouvre dans un tintement. Jack se retourne en entendant le bruit. Gwen sort une poignée de billets de 10£.
GWEN : Où sont passés les habitants ?
Jack s’éloigne et d’un signe de tête fait comprendre à Gwen qu’elle doit le suivre. Jack avance avec prudence le long d’un couloir quasi souterrain, arme au poing. Owen continue de fouiller le bar. Jack trouve une porte ouverte et entre. Il fait signe à Gwen de poursuivre seule dans le couloir. Gwen arrive dans une cuisine souillée qui grouille de mouches. Elle lève la tête et voit un moustique qui vient s’écraser contre une lumière près du plafond. En dessous, couvert de sang, gît le corps décharné d’une femme. Gwen baisse son arme avant de s’effondrer devant le plan de travail. Jack la rejoint rapidement.
JACK : Ça va aller ?
Gwen ne se redresse pas pour le regarder, mais elle agite sa main en direction du cadavre.
GWEN : C’est là dedans.
Jack passe devant elle. Il aperçoit le corps, tandis qu’Owen les rejoint à ce moment, ignorant ce qui se passe, et découvrant Gwen qui respire avec difficulté, près de la porte.
OWEN : C’est le hamburger qui se rappelle à ton bon souvenir hein ?
Il passe devant Gwen pour rejoindre Jack. Il voit le corps, le fixe, pris de dégoût.
OWEN : Oh mon dieu… Oh mon dieu…
Un bruit retentit à l’extérieur de la cuisine. Jack retourne dans le couloir en courant, et revient dans le bar.
JACK : Gwen…
Gwen va le rejoindre. Jack descend l’escalier, Gwen le suit...
EXTERIEUR - LE BAR - SUITE
Jack sort du bar, inspecte les environs, arme au poing. Gwen déboule derrière lui, peu soucieuse du danger. Ils courent vers le chemin étroit pour mieux voir les façades des maisons.
PLAN COUPE SUR
Ce que voit un habitant du village. Caché derrière un arbre, le villageois observe Jack et Gwen. Il se trouve derrière eux, faisant face aux maisons. Jack continue d’inspecter les lieux, Gwen le couvre. Elle respire lourdement au grand air. Elle braque son arme devant elle, et tourne sur elle-même, sans grande efficacité.
GWEN : Jack, Jack, je t’en prie… il se passe quelque chose ici.
Jack indique avec sa tête une autre maison et se dirige vers celle-ci.
JACK : Allons jeter un œil dedans. Amène-toi.
Jack s’adosse au mur sur le côté de la porte d’entrée d’une maison, Gwen se colle contre le mur en face de lui, une main sur la poignée de la porte, l’autre, armée, prête à riposter.
JACK : 1,2,3...
Vue de caméra depuis l’intérieur de la maison. Gwen ouvre la porte et pénètre dans le salon, braquant son arme devant elle. Elle s’avance, et Jack entre à son tour. Cette maison ressemble au bar, récemment habitée mais à présent sombre et désertée. Gwen avance encore et trébuche sur quelque chose. Elle baisse les yeux et voit une petite mare de sang sur le sol, elle marche par-dessus et aperçoit quelque chose vers le fond de la pièce. Jack la rejoint.
JACK : C’est quoi ?
GWEN : Il y a un autre cadavre ici.
JACK : Le même que l’autre.
Jack lance des regards furtifs derrière lui, surveillant la porte d’entrée grande ouverte, tandis que Gwen reste absorbée par le corps gisant dans la pièce attenante.
GWEN : Qui a bien pu faire ça ? Car qui que ce soit, ça ne peut pas être humain… Jusqu’où cela va-t-il aller ?
JACK : Reste concentrée.
Jack ne tient pas à rassurer Gwen de sa peur grandissante. Il recule vers la porte d’entrée pour surveiller l’extérieur.
GWEN : Je devrais être en train de dîner avec Rhys, qu’est-ce que je fous avec toi ? Jack, est-ce que tu n’as jamais la frousse, hein ?
Gwen se retourne pour voir Jack, voyant qu’il ne répond pas, elle veut qu‘il partage sa peur et qu‘il lui explique, lui donne une raison à ce massacre.
JACK : Il y a 2 autres maisons, on ferait mieux d’aller voir.
Jack sort de la maison, Gwen reste à l’intérieur, à fixer le corps.
INTERIEUR - LE BAR - AU MEME MOMENT
Owen examine le cadavre dans la cuisine du bar, il est encore au bord du malaise.
OWEN : Oh, j’ignore qui t’a fait ça, mais j’espère que tu as pu te défendre.
EXTERIEUR - MAISON - AU MEME MOMENT
Ianto et Toshiko suivent à la trace le 4x4, ce qui les mène vers une maison plus grande, isolée, nichée en haut d’une colline. Les fenêtres de cette maison ont été remplacées par des planches, sauf deux fenêtres, au second étage,qui ont été brisées, laissant ainsi passer les éléments.
IANTO : Elle est à peine à 800 mètres plus haut.
Toshiko regarde Ianto. Leur conversation de tout à l’heure la perturbe encore et de plus, le fait de voir Ianto faire son boulot à elle l’agace. Elle lui prend des mains le pisteur électronique.
TOSHIKO : Une chance qu’il nous reste ce truc.
Ianto lui sourit et la laisse prendre le dessus.
TOSHIKO : J’ai laissé tout le reste de mon équipement dans la voiture.
PLAN COUPE SUR
Ce que voit un habitant du village. Un habitant du village, caché tout près derrière un mur en pierre, les regarde s’approcher de la maison.
Toshiko trébuche sur une boite en fer qui traîne par terre, elle regarde son contenu. Ianto pousse la porte d’entrée - elle est fermée à clé. Il secoue violemment la porte. Un cri furtif parvient jusqu’à eux, ils regardent dans sa direction.
TOSHIKO : C’était quoi ça ?
IANTO : Sans doute un renard ou une bestiole de ce genre. Je vais voir à l’arrière.
Ianto fait le tour du mur principal, passe devant un jardin, puis disparaît derrière la maison.
TOSHIKO : Oui…
Toshiko progresse prudemment autour de la maison. Elle est à l’opposé de Ianto. Tandis qu’elle longe un mur, elle entend le même cri furtif derrière elle. Elle fait volte-face. Elle sort son arme et se colle contre le mur de la maison. Elle arrive à l’arrière de la maison, surveille toujours derrière elle. Au dessus du perron , à l’arrière de la maison, des lapins et des faisans morts sont suspendus depuis une branche d’un arbre avoisinant. Toshiko voit la porte entrée de l’arrière, elle secoue la poignée. Cette porte est aussi fermée à clé. Elle donne un coup de pied dedans, mais la porte reste fermée. Ianto arrive à l’encoignure de la maison, à l’arrière aussi, il garde sa tête baissée. Toshiko pointe son arme sur lui, elle ne l’a pas reconnu de suite. Ianto lève les bras pour montrer qu’il n’est pas armé et Toshiko baisse son arme, avec un sourire nerveux de soulagement. Elle fait demi tour pour contempler les collines. Ianto grimpe par-dessus un muret et s’éloigne de la maison, surplombant ainsi du regard la maison et les environs. Du doigt, il indique un point devant lui, et s’adresse à Toshiko, tout en lui tournant le dos.
IANTO : On devrait continuer jusqu’en haut, là-bas.
Personne ne lui répond. Il se retourne. Toshiko n’est plus là.
IANTO : Tosh !
Ianto arme le chien de son revolver.
IANTO : Tosh ! Tosh ! Okay…
Il se parle à lui-même, pour se donner du courage, tandis qu’il revient sur ses pas, longeant le passage étroit entre le mur de la maison et l’extérieur. Alors qu’il parvient jusqu’à l’entrée de la maison, une silhouette traverse l’étroit passage, juste derrière lui. Ianto se retourne , prêt à tirer. Il continue à avancer, quand une silhouette fonce vers lui, dans son dos, et le plaque au sol, lui faisant lâcher son arme. Ianto se tourne pour voir le visage de son assaillant.
EXTERIEUR - LES MAISONS - SUITE
Jack ouvre une la porte d’une autre maison en la faisant claquer. Il en sort, suivi de Gwen. Ils progressent jusqu’à la porte suivante, leur arme toujours prête. Gwen ne cesse de braquer nerveusement son arme au moindre bruit. Comme tout à l’heure, Jack se colle contre le mur, sur le côté de la porte, et Gwen se prépare à ouvrir la porte. Elle pousse dessus mais contrairement aux autres portes, celle-ci ne s’ouvre pas.
JACK : Fermée ?
GWEN : Fermée.
Gwen pousse plus fort et arrive à bouger la porte qui n’est fermée que par une chaîne. Elle regarde par l’ouverture. Elle referme la porte et use de toutes ses forces pour l’ouvrir. C’est au moment où la porte est enfin grande ouverte qu’un coup de feu retentit de l‘intérieur. Gwen est touchée et est projetée en arrière. Jack regarde à l’intérieur de la maison puis vers Gwen, qui s’est effondrée par terre.
JACK : Gwen ! Gwen ! Gwen !
Elle ne répond pas mais est toujours en vie. Jack ouvre la porte d’un coup de pied et pointe son revolver sur un jeune homme, Kieran, debout dans l’escalier, un fusil braqué sur Jack.
JACK : Pose ce fusil par terre ! Pose ce fusil par terre !
Kieran semble terrifié et finit par lui obéir. Il baisse lentement son fusil. Par l'entrebâillement de la porte, on voit Gwen qui essaie de se lever, sans y parvenir, elle se met à tousser, puis la porte se referme sur elle.
KIERAN : Je vous ai pris pour eux ! J’ai cru que vous étiez revenu pour me chercher.
JACK : Tu pensais que c’était qui ? Qui revenait te chercher ?
Kieran ne répond pas. Il s’ assied sur les marches, en pleurant, s’avouant vaincu.
JACK : Qui ?!
PLAN COUPE SUR
Gwen est allongée sur le dos, devant la maison, perdant connaissance. Elle entend Owen qui l’appelle, elle ferme les yeux.
OWEN : Gwen ! Gwen !
PLAN COUPE SUR
Ce que voit un habitant du village. Il voit Owen qui arrive en courant, s’accroupit près de Gwen. Jack sort de la maison, il remet son arme dans son holster pour aider Owen à porter Gwen.
JACK : Un gamin lui a tiré dessus. Debout, c’est bon, je te tiens, je te tiens.
Jack prend Gwen des bras d’Owen, et la transporte à l’intérieur de la maison. Owen le précède pour lui ouvrir la porte.
JACK : Entre !
INTERIEUR - LA MAISON - SUITE
Owen fait place nette sur la table de la cuisine pour y allonger Gwen. Gwen est consciente, elle marmonne, elle a mal. Jack la pose sur la table et sort de la pièce. Il passe devant le jeune homme qui observé la scène depuis le salon.
JACK : Ok, je vais aller voir là-haut.
OWEN : Ok, ta tête.
Owen soulève la tête de Gwen pour glisser un coussin, Gwen essaie de saisir Owen, tandis que ce dernier sort du matériel de son sac, se pressant de lui venir en aide.
GWEN : Owen !
OWEN : Je parie que t’aurais jamais pensé être contente de me voir.
Gwen se roule sur le côté, Owen lutte contre elle pour la maintenir allongée sur le dos.
OWEN : Très bien !
GWEN : Non, je t’en prie…
OWEN : D’accord !
Owen saisit Gwen par le poignet pour la maintenir immobile.
OWEN : Ecoute-moi ! Écoute-moi ! Je vais devoir jeter un œil sur ta blessure, d’accord, reste calme.
Gwen met ses mains sur sa propre blessure, pour la cacher, elle ne veut pas savoir à quel point c’est grave.
OWEN : Enlève tes mains, enlève tes mains !
GWEN : Non, je t’en supplie, non…
OWEN : D’accord…
Il enlève les mains de Gwen et soulève le pull pour examiner la blessure. C’est une somme de petits trous qui l’ont atteinte sur le côté. Sans doute du gros plomb.
OWEN : Très bien, cela aurait pu être beaucoup plus grave.
Gwen essaie tant bien que mal de voir sa blessure. Owen applique une grande bande de gaze sur la blessure.
OWEN : Tiens la et appuie bien.
Gwen obéit, elle serre la bande de gaze contre sa blessure. Elle crie de douleur, tandis qu’Owen examine la blessure.
OWEN : Les balles se sont logées en surface, tu as eu une putain de chance, ma grande…
Kieran les observe depuis l’autre pièce, regrettant son geste, incapable de leur venir en aide.
OWEN : Quelques centimètres plus à gauche, et n’importe lequel de tes organes vitaux aurait pu être...
Gwen le regarde, terrifiée, Owen éclipse la fin de sa phrase.
OWEN : Laisse tomber.
Owen sort une seringue et la montre à Gwen.
OWEN : Tu veux une petite blague pour la petite piqûre ?
GWEN : Non, mais c’est gentil de proposer…
Gwen essaie de surmonter la douleur en riant.
OWEN : On y va.
Owen lui injecte un anesthésiant sur la blessure. Gwen tient fermement Owen par le col de son blouson, elle grince des dents tellement elle a mal.
OWEN : Ok, c’est fini.
GWEN : La vache !
OWEN : Il faut virer tous les plombs, bon, il risque d’y avoir pas mal de résidus, alors évite de bouger et pense à Torchwood.
Owen commence à enlever les plombs. Gwen pose sa main sur sa nuque, elle se détend en se concentrant sur lui.
GWEN : Ça te manque d’être médecin ?
OWEN : Excuse moi. Je suis toujours médecin. Seulement je n’ai plus de patients. C’est l’idéal. C’est la partie du boulot que j’ai toujours détesté.
Owen retire un gros plomb de la blessure avec une pince et le tient en évidence devant Gwen. Il dévisage la balle puis Gwen.
OWEN : Salut beauté. Admets le, je suis bon.
GWEN : Pas mal.
Il sourit brièvement à Gwen, et reprend l’extraction des balles. Gwen fait errer son regard. Jack redescend en courant, le fusil à la main, qu’il pose ensuite contre l’escalier.
JACK : Pourquoi Ianto et Tosh sont-ils si longs ?
OWEN : Jack, laisse leur le temps, le 4x4 est peut-être fermé ou surveillé…
KIERAN : Ou ils sont peut-être morts ! Tous les autres le sont !
JACK : Assied toi et raconte nous ce qui s’est passé ici.
KIERAN : Ce n’est pas humain, ma mère ne saura pas ce qui s’est passé…
Il essaie de se lever mais Jack le fait se rasseoir, la discussion n’est pas terminée.
KIERAN : Il était prévu que je revienne pour le week end.
JACK : Ecoute, on va te ramener chez toi. D’accord ?
KIERAN : Et que comptez-vous faire ? Vous ne pouvez rien contre eux, ils sont trop forts !
Il se lève et se dirige vers la porte, Jack l’attrape et le renvoie sur sa chaise.
KIERAN : Tout ce qu’on peut faire c’est barricader la porte !
JACK : Non ! Il faut retourner se baser au bar.
OWEN : Et que fait-on de Tosh et Ianto ? On ne devrait pas aller les chercher ?
JACK : Non, pas avant de savoir à quoi on a à faire.
OWEN : Et si c’est trop tard ?
JACK : Ce ne sont pas des enfants. Ils savent ce qu’ils ont à faire. Allons-y !
Jack entre dans la cuisine pour soulever Gwen, mais Owen lève la main pour l’en empêcher.
OWEN : Non, c’est bon, je m’occupe d’elle.
Jack lui lance un regard de défi, tout chef qu’il est, avant de sortir de la maison. Owen aide Gwen à se lever, puis se prépare à la porter, mais Gwen l’arrête.
GWEN : Ok, Owen, je…, Owen, je peux le faire toute seule.
Gwen fait un pas en avant et chancelle. Owen la rattrape avant qu’elle ne tombe. Elle se tourne vers lui, et est sur le point de l’embrasser.
KIERAN : Je suis désolé pour vos amis.
Ils le dévisagent, sans dire un mot.
INTERIEUR - CAVE
Toshiko est allongée sur le sol en béton crasseux d’une cave aménagée à la va-vite. Un trou dans le mur fait passer une petite lueur dans la cave. Toshiko s’assoie, droite, en se massant la nuque- elle se réveille à peine. Ianto est près d’elle, assis sur une caisse, il tient un crochet de boucher dans les mains et la regarde avec nervosité.
IANTO : Tu sais, je n’ai jamais aimé le camping. Te fatigue pas, ils ont pris les flingues.
Toshiko réalise en effet qu’elle n’a plus son arme, elle sort de sa chaussette une lampe torche et examine la pièce. Des caisses sont éparpillées ici et là à travers la pièce, des portes cassées et des ordures s’empilent contres les murs. Quelques chaînes fixées au plafond descendent jusqu’au milieu de la pièce.
TOSHIKO : Quel endroit ravissant !
IANTO : A en juger par la réverbération du son et à la qualité de l’air, cette pièce est profondément enterrée. On a des chances d’être sauvés ?
Toshiko examine les murs et la porte, elle s’adresse à Ianto sans trop le regarder, elle ne semble pas inquiète, alors que Ianto est clairement terrifié.
TOSHIKO : On n’aura pas besoin d’aide pour être sauvé. Aucune cellule de prison ne m’a jamais résisté jusqu’ici.
IANTO : C’était quoi ?
TOSHIKO : Aucune idée, ça s’est passé si vite. Tu as peur ?
IANTO : Hein… Un peu.
Toshiko regarde par l’ouverture dans le mur d’où provient la lueur, ça ressemble à une rambarde de lancement en fer qui mène en général vers le sous-sol d’un bar, là où l’on entrepose les barils de bière. Elle soulève sa main, qui s’est maculée de sang au contact de la rambarde.
IANTO : Le corps qu’on a découvert dans les bois…
TOSHIKO : N’y pense pas. Regarde si tu peux faire marcher cette lumière, d’accord.
Ianto se lève et dirige sa lampe vers les chaînes suspendues, essayant de réparer la lumière.
IANTO : Tu as l’habitude de ça pas vrai ? Cette expression que vous avez tous sur votre visage, à chaque fois que vous perdez le contrôle de la situation, comme si vous aimiez ça. Comme si ça vous faisait bander d’être en danger.
TOSHIKO : Tu veux que je m’excuse d’être comme ça ?
IANTO : Tu t’es jamais demandé combien de temps tu pouvais survivre comme ça, avant de devenir barge, ou… ou de te faire tuer, ou de perdre quelque un que tu aimes...
TOSHIKO : Ça vaut le coup de prendre le risque, on protège la population !
IANTO : Et qui nous protège, nous ?
Toshiko détourne les yeux, elle ne sait pas quoi lui répondre.
TOSHIKO : Je meurs de faim…
IANTO : Tu aurais dû prendre le cheeseburger tout à l’heure.
TOSHIKO : Je ne suis pas affamée à ce point. C’est quoi ?
IANTO : Tu as trouvé quelque chose ?
TOSHIKO : C’est qu’une chaussure… Il y en a une autre.
Elle éclaire un placard, qui est rempli de chaussures, jetées là sans rangement.
TOSHIKO : Il y a des douzaines de chaussures.
IANTO : Bon sang !
TOSHIKO : Combien de personnes ont été amenées ici ?
IANTO : Et que sont-elles devenues ?
TOSHIKO : Un frigo…
Elle s’avance vers le grand frigo en fer, et ouvre la porte. Le frigo éclairé, en marche, est plein de bouts de corps humains. Elle referme la porte en vitesse, terrifiée.
IANTO : Tosh ? C’est quoi ? Y a quoi dans ce frigo ?
Elle ne répond pas. Il s’approche d’elle pour voir par lui-même.
IANTO : Dis-moi.
Toshiko lui fait barrage, l’empêchant de regarder.
TOSHIKO : Ianto, non !
Il la pousse de son passage, et marche en direction du frigo, avec détermination.
IANTO : Je veux savoir !
Il regarde à l’intérieur du frigo, et se glace sur place, comme paralysé.
TOSHIKO : C’est pour ça qu’il ne restait plus rien sur le cadavre. Ça leur sert de nourriture, ils vont nous manger.
INTERIEUR - LE BAR
Owen trimballe des chaises pour les disposer au centre de la pièce.
OWEN : Si on se barricade tous ici, que vont devenir Tosh et Ianto ?
JACK : Pourquoi tu remets ça, on en a déjà parlé. Tosh et Ianto peuvent se débrouiller tous seuls. Notre priorité pour l’instant c’est le gamin. Ils sont déjà venus le chercher, ils ne vont pas abandonner aussi facilement.
Kieran est allongé sur une des banquettes du bar, son fusil entre les mains.. Gwen écrit sur le tableau noir, qui se trouve à proximité du jeu de fléchettes, tandis que Jack et Owen entassent des meubles contre la porte.
GWEN : A-t-on déjà eu vent d’une espèce qui dépouille des corps humains de toute leur peau et de leurs organes ?
OWEN : Tu fais quoi là ? Tu dois te reposer.
GWEN : Je compile tout ce qu’on sait, ça peut nous aider, peut-être.
Owen lui fait un signe de tête. Il sait bien que Gwen ne changera pas d’avis, il retourne donc à son travail.
JACK : Il faut partir du fait que toutes les personnes portées disparues ont aussi été tuées.
GWEN : Donc tu penses qu’il y a eu 17 morts.
JACK : Au minimum, nous n’avons pas affaire à des tueurs occasionnels
OWEN : Ok. Tout ceci implique donc que la Faille s’élargit, en larguant des aliens et des psychopathes partout où elle va.
JACK : On dirait bien.
OWEN : Super. Cette conversation m’a remonté à bloc !
Une silhouette passe devant la fenêtre. Gwen l’aperçoit et bredouille, le souffle coupé.
GWEN : Vous avez vu ?
Owen vient près d’elle et pointe son arme vers la fenêtre.
JACK : Il y a quelque un dehors.
Une vitre d’une autre fenêtre se brise avec fracas, Owen change aussitôt de cible.
OWEN : C’était le même ou un autre ?
Gwen sort son arme et se tient debout à côté d’Owen, tandis que Jack jette un regard furtif vers les fenêtres pour voir qui est là. Gwen lance un œil vers Kieran qui dort, allongé, derrière.
GWEN : Il a dit qu’ils reviendraient.
JACK : Evitons les conclusions hâtives. On ignore qui ils sont ni quelles sont leurs intentions.
L’électricité saute. Ils se retrouvent dans le noir.
OWEN : Je pense que ce n’est pas bon signe.
Jack se dirige derrière le comptoir du bar pour rétablir le courant. Owen et Gwen restent à leur place. Quelqu’un frappe à la porte et Kieran se réveille.
KIERAN : Ils sont revenus !
GWEN : Kieran, fie-toi à ma voix, d’accord ? Reviens, Kieran !
Jack se redresse depuis le comptoir, pour voir la porte qui tremble, il prend son arme. La porte cesse de bouger, ils regardent autour d’eux, se demandant où leurs adversaires ont bien pu aller. La poignée de la porte cadenassée qui mène vers le cellier se met à bouger, près de Jack, qui se tourne vers elle, arme au poing. Gwen et Owen visent dans la même direction, ils sont postés de l’autre côté du bar.
JACK : Ok, on n’a pas vérifié la cave.
Jack maintient la porte fermée, en bloquant son épaule contre elle.
KIERAN : Ne les laissez pas entrer !
GWEN : Kieran, recule !
Kieran pointe son fusil en direction de la porte.
KIERAN : Ne les laissez pas entrer !
OWEN : C’est bon, on gère la situation.
KIERAN : Vous comprenez rien. Vous ne savez pas qui ils sont !
Kieran tire sur la porte d’entrée.
GWEN : Kieran !
Les chaises collées contre la porte d’entrée dégringolent tandis que la porte que Jack maintenait fermée s’ouvre d’un grand coup. Jack recule et tire dans la cave. La porte d’entrée s’ouvre et des tirs viennent briser les bouteilles posées derrière le comptoir. Owen, Gwen et Jack se recroquevillent derrière le comptoir. Kieran gît par terre, seuls sa tête et son buste sont visibles. Quelqu'un le tient par les jambes.
KIERAN: Non, je vous supplie, non, non, pas moi !
GWEN : Kieran !
Kieran est traîné ainsi hors du bar. Jack s’agenouille près de Gwen, lui bloquant le passage.
JACK : On n’y voit que dalle ! Tu n’as pas de matériel de pistage, tu veux te faire tuer toi aussi ?
GWEN : Laisse moi passer !
JACK : Ecoute moi, ce qui était dans la cave a pris 3 balles dans le buffet, je l’ai entendu tomber. Quand on saura ce que c’est, alors on pourra se défendre.
GWEN : Tu t’en occupes, nous on va chercher Kieran et les autres.
JACK : Tu es blessée.
GWEN : Et tu crois que ça va m’arrêter ?
Sachant qu’elle a pris sa décision, Jack lui indique la porte d’un signe de la tête, il la laisse agir selon son désir.
JACK : Sois prudente.
Owen regarde Jack pour savoir ce qu’il doit faire.
JACK : Vas-y.
INTERIEUR - LA CAVE
Toshiko et Ianto tentent de forcer la porte pour s’enfuir.
TOSHIKO : Il doit y avoir trois verrous, en haut, au milieu et en bas.
IANTO: Pourquoi tu calcules les points de tension de la porte ? Tu trouves le point faible, un peu de force brute...
TOSHIKO : Bien pensé. Mais elle est renforcée.
Ianto donne quand même des coups de pied dans la porte. Toshiko fouille parmi les débris qui jonchent le sol. A force de cogner contre la porte, un trou sur celle-ci fait entrer une lueur, Ianto se dépêche de se plaquer contre le mur, pour ne pas se faire voir. Toshiko est à genoux, en face de lui, un bout de métal à la main en guise d’arme. La porte s’ouvre en couinant, et une femme entre armée d’un fusil. Ianto lui saute dessus par derrière et tente de la désarmer. Un coup de fusil s’échappe et la femme assène à Ianto un coup dans le ventre avec le manche du fusil. Il s’effondre par terre.
Toshiko se tient debout devant elle, prête à la frapper avec son morceau de métal. La femme est d’un certain âge, d’allure commune, et vêtue d’habits de travail.
HELEN : Espèce d’idiots, regardez moi, je ne vous ferais pas de mal.
TOSHIKO : Vous avez une arme !
HELEN : Juré, je ne vous ferai pas de mal.
Helen recule vers la porte, le fusil dans une main, pointé vers le plafond, tentant de calmer Ianto et Toshiko avec son autre main, Ianto et Toshiko qui se tiennent prêts à attaquer de nouveau.
TOSHIKO : Ok, fiche lui la paix.
HELEN : Merci.
Elle regarde Ianto en s’approchant de lui, tout en parlant, comme si elle voulait calmer un animal ou un enfant indiscipliné.
HELEN : Quand ils vous ont enlevé, vous avez été blessé ? Je peux regarder, je suis infirmière.
Elle le touche presque quand Ianto évite son contact.
HELEN : D’accord, d’accord.
Elle s’éloigne de lui et s’avance vers Toshiko, qui brandit sa barre en fer.
HELEN : D’accord, d’accord, quelque un d’autre sait que vous êtes là ? Vous avez pu appeler à l’aide ?
TOSHIKO : On n’a pas besoin d’aide. Il y a trois autres personnes avec nous dans le village.
Helen les regarde, elle a l’air terrifiée, elle recule vers la porte.
HELEN : Je ne peux pas vous aider. Je suis désolée.
IANTO : Que voulez-vous dire ?
HELEN : On m’a envoyée vous chercher. Je dois vous amener jusqu’à eux.
TOSHIKO : Dîtes-nous ce qu’il se passe, nous pouvons vous aider.
Elle rit à la suggestion, par peur.
HELEN : Personne n’est à l’abri. Tous les dix ans, ils reviennent nous prendre.
TOSHIKO : Qui vous prend ? C’est quoi ?
HELEN : La moisson.
Ianto lance un regard à Toshiko, puis se rue vers Helen qui le tient en joue avec son fusil.
HELEN: Non, je vous supplie !
Elle braque tour à tour son fusil vers Ianto et Toshiko.
HELEN : Vous allez devoir me suivre.
Toshiko regarde le fusil braqué sur elle, la peur dans les yeux d’Helen lui fait comprendre qu’aucun espoir n’est possible. Bien malgré elle, elle lâche sa barre de fer.
INTERIEUR - LA CAVE DU BAR
Jack descend l’escalier qui mène au sol crasseux de la cave. Il s’arrête, arme au poing, devant une porte ouverte, près de l’escalier. Il prend le temps pour écouter, puis se tourne rapidement vers le seuil de la porte. Il commence à inspecter la pièce. De grandes étagères sont clouées tout autour de la pièce. Chaque étagère est remplie de bocaux qui contiennent des organes humains. Jack voit les bocaux, puis fait le tour de la pièce, Il voit un fusil posé sur le sol, puis il entend une forte respiration. Il fait demi tour et voit un homme allongé par terre. L’homme est blessé. Il baisse sa capuche et une sorte de masque en cuir, ce n’est qu’un homme normal, tout à fait humain.
MARTIN : Aidez moi, je vous en prie, aidez moi.
JACK : C’est vous qui nous avez attaqué ?
MARTIN : Je vais mourir, aidez moi. Je vous dirai tout ce que vous voulez.
Jack soulève Martin et le plaque contre une planche appuyée contre un mur. Il applique un garrot sur la cuisse de l’homme tandis que celui-ci hurle de douleur.
JACK : Cela va vous aider à tenir pendant un petit moment.
Après avoir serré le garrot, Jack saisit Martin par le col de sa veste.
JACK : Maintenant je vous écoute.
MARTIN : Il faut chercher de l’aide, je sais où vous pouvez…
Jack le gifle au visage.
JACK : On avait un accord. Je vous aidais, et vous me disiez où ils ont emmené le gamin et tout ce qui se passe dans ce foutu village.
Martin se met à rire, il a l’air un peu déphasé.
MARTIN : Vous ne savez rien !
D’une main Jack enlève le garrot, de l’autre main il saisit l’homme à la gorge.
MARTIN : Remettez le !
Jack garde la main contre la gorge de Martin, avec son autre main il saisit les cheveux courts de l’homme pour immobiliser son visage.
JACK : Il faut que je vous dise une chose. Il y a très longtemps, j’étais particulièrement doué en torture. J’avais une sacrée réputation, celle d’un spécialiste, vous savez, c’est ce que mon job exigeait de moi à l’époque. Alors je sais exactement où exercer le minimum de pression sur une blessure comme la vôtre…
Jack baisse sa main et appuie sur la blessure de Martin, qui hurle de douleur.
MARTIN : D’accord, arrêtez ! Vous allez me tuer. Je vous en prie !
JACK : Vous seul pouvez m’arrêter, dîtes moi simplement ce que j’ai besoin de savoir. Car dans 10 secondes, je vais trouver un objet coupant…
Jack sort son revolver et le montre à Martin.
MARTIN : Je vais tout vous dire. Alors arrêtez. S’il vous plait !
JACK : Maintenant, parle.
EXTERIEUR - CHEMIN POISSEUX – NUIT
Owen et Gwen traversent à petits pas un bois jusqu’à un chemin crasseux, juste assez large pour le passage d’une voiture, et bordé d’arbres. Owen soutient Gwen par l’épaule. Gwen marche en se tordant de douleur.
OWEN : T’es sûre que ça va ?
GWEN : Je t’assure, je vais bien.
Un véhicule tout terrain de police déboule sur la route et roule dans leur direction, sirène allumée. Owen et Gwen sont au beau milieu de la route quand le véhicule s’arrête.
OWEN : Bordel, il ne nous manquait plus que ça !
GWEN : Laisse moi parler, je vais nous en débarrasser.
Un jeune agent de police en uniforme, nommé Huw, sort de la voiture et s’avance vers eux.
HUW : Qui êtes-vous, s’il-vous-plaît ?
GWEN : Forces Spéciales, Torchwood. Vous connaissez Torchwood ?
HUW : C’est quoi, un groupe ?
Owen essaie de se mettre devant Gwen, afin de cacher la blessure de la jeune femme à l’agent.
HUW : Que lui arrive-t-il ?
OWEN : Rien, vous ne pourriez pas comprendre.
GWEN: C’est bon. C’est quoi cette lumière là-bas ?
Une faible lueur s’échappe des arbres au loin, derrière eux. Huw se retourne un instant avant de répondre.
HUW : La grande maison. C’est la salle des fêtes du village. Le village tient une réunion ce soir, c’est pour ça que je suis là. Je suis chargé de dresser les rapports de police.
Owen et Gwen se dirigent vers la grande maison.
GWEN : Allons-y.
HUW: Et vous comptez aller où comme ça ?
INTERIEUR - MAISON DE SHERMAN
Toshiko et Ianto sont projetés vers l’arrière d’une cuisine, Helen pointe son fusil sur eux et leur montre où ils doivent aller.
HELEN : Entrez là, s’il vous plait.
TOSHIKO : On peut mettre un terme à tout ceci si vous nous aidez. Je vous en prie !
HELEN : Désolée. Reculez !
TOSHIKO : Cette puanteur…
Toshiko et Ianto se retournent, une bâche en plastique est suspendue depuis le plafond jusqu’au sol. Ils la soulèvent et aperçoivent un corps humain, enveloppé dans du plastique, et accroché au plafond par les pieds. En soulevant davantage la bâche, ils voient des bocaux remplis de sang et d’organes humains et posés sur une table recouverte de plastique. Vers le fond de la pièce, deux autres cadavres sont suspendus, recouverts de plastique également. Helen s’approche de Toshiko, sans faire de bruit, dans son dos, tandis que Toshiko et Ianto sont figés devant le contenu sanglant de la pièce.
TOSHIKO : Dites-nous ce que sont ces créatures. Est-ce qu’ils sont comme nous ?
Un homme est entré sans se faire remarquer, il se tient debout de l’autre côté de la pièce, il les observe. Il est d’un certain âge, et semble travailler au grand air.
EVAN : Et de quoi d’autre aurions-nous l’air ?
Evan passe par l’ouverture de la bâche et s’approche d’eux. Helen le voit et se met à rire, leur plan a marché. Sous leurs yeux, Evan vient embrasser Helen. Ianto en profite pour se ruer vers eux, mais Evan réagit et lui assène un violent coup de poing à l’estomac. Ianto s’effondre. Evan vient s’agenouiller près de lui. Helen pointe son fusil sur Toshiko. Evan menotte les bras de Ianto derrière le dos.
HELEN : Il y en a encore trois autres dehors.
EVAN : Pas de problème. Comment sont-ils ?
HELEN : Ils sont en bon état.
Evan lâche Ianto au sol et se dirige vers Toshiko. Il lui donne un coup au dessus des mollets, pour la forcer à se mettre à genoux. Helen baisse son fusil. Evan saisit une corde posée sur une étagère et attache les mains de Toshiko dans le dos.
HELEN : C’est la meilleure prise qu’on ait jamais faite.
EVAN : Ouais. Au fait j’oubliais, on a choppé le gamin…
Helen saisit la tête de Ianto, la relève pour le regarder. Evan se dirige derrière la table.
EVAN : Enfin, allez viens là !
Evan saisit Kieran par le cou et lui retire le sac de corde du visage.
KIERAN : Je ne raconterai rien à personne !
Helen approche son visage de celui de Ianto, elle lui tient les cheveux pour qu’il voit Kieran.
HELEN : Oh, regardez le.
TOSHIKO : Qui c’est ?
EVAN : Ben, c’est de la viande.
Evan relâche Kieran qui retombe sur le sol, Helen ricane , caresse la nuque de Ianto avant de reculer. Evan s’avance vers eux, pose une main sur la tête de Ianto et l’autre sur celle de Toshiko.
EVAN : J’ai bien peur que nous soyons tous de la viande.
Il suit Helen hors de la bâche, vers la cuisine.
IANTO : Prépare toi à courir.
Ils se lèvent, et observent Evan et Helen à travers la bâche. Evan s’est saisi d’une batte de base-ball. Il se tourne vers eux, Toshiko l’invective.
TOSHIKO : Qu’allez-vous faire ? Nous suspendre à des crochets ?
Evan lance un regard à Helen qui se met à rire. Puis il revient dans la pièce bâchée pour parler à Toshiko.
EVAN : Non, pas encore.
Evan est tout près de Toshiko, il promène sa batte de base-ball le long du corps de Toshiko, tout en parlant.
EVAN : Vous voyez, la viande a besoin d’être attendrie, d’abord.
Evan saisit Toshiko tout contre lui, il se lèche les lèvres. Toshiko regarde Ianto qui lui fait un signe de la tête. Evan se déplace vers Ianto, la batte au dessus de son visage. Evan examine Ianto, appréciant la viande qu’il représente. Ianto lui sourit, puis il lui donne un coup de tête. Ianto et Toshiko se précipitent vers la porte mais Evan attrape Ianto.
IANTO: Va-t-en ! Va chercher les autres !
Evan frappe Ianto au visage puis au ventre, il s’effondre par terre. Evan se saisit d’une machette et sort de la pièce. Ianto le visage contre le sol, jette un œil vers Kieran, impuissant. Helen assène à Ianto un violent coup de manche de son fusil, Ianto s’évanouit.
EXTERIEUR - LES BOIS
Evan court à travers la forêt, à la poursuite de Toshiko. Il l’appelle comme on cherche un chat. Il regarde autour en riant, ce jeu l’amuse. Alors qu’il s’éloigne un peu, Toshiko rampe vers un buisson, se relève et se remet à courir. Evan, aux aguets, attrape Toshiko et la projette par terre sur le dos.
EVAN : Personne ne viendra te sauver.
Toshiko donne un coup de pied dans les parties génitales d’Evan, ce qui lui permet de s’enfuir rapidement vers la forêt. Elle se cache derrière un arbre et cherche Evan du regard, en retenant sa respiration. Elle le voit qui avance lentement et s’enfuit en courant. Evan l’aperçoit et lui court après. Il ne court pas assez vite pour la rattraper. Mais il la fait courir. Toshiko arrive vers une clairière mais elle ne peut garder l’équilibre à cause de ses mains attachées dans le dos, elle perd pied et tombe face contre terre. Elle crie et lutte pour se relever, en vain. Evan pose un pied sur son dos pour la maintenir au sol.
EVAN : Fini de jouer.
Evan retourne Toshiko et pose sa main sur sa gorge. Il tente de l’étrangler. Il lui murmure quelque chose d’inaudible. Un flingue et une lampe torche viennent se coller contre la tempe d’Evan.
OWEN : Lâche-la tout de suite ou je tire ! Lâche-la tout de suite ou je tire !
Owen se tient debout au dessus d’Evan, l’agent de police Huw est derrière lui. Evan continue d’étrangler Toshiko, il se met à rire. Owen le pousse d’un coup de pied. Gwen serre Toshiko contre elle tandis qu’Owen maintient Evan au sol avec son pied sur lui, son arme toujours pointé sur Evan.
GWEN : On a vu la torche.
TOSHIKO : Ils ont assassiné tous les villageois, ils ont mangé les corps.
EVAN : Pose ton arme.
OWEN : T’es vraiment pas en position de négocier mon vieux.
GWEN : Ça va aller, ça va aller. Vous pouvez l’arrêter maintenant.
Huw ne bouge pas.
GWEN : J’ai dit "vous pouvez l’arrêter !"
EVAN : Il ne va pas m’arrêter, pas lui.
Evan toujours allongé, se met à rire. Huw s’avance en souriant.
HUW : Ce serait marrant, non ? Arrêter mon propre oncle.
Huw sort une arme et la pointe sur Owen. Owen continue de tenir Evan en joue. Gwen sort son arme et vise l’agent.
GWEN : Pose ton flingue, ne lui fais pas de mal.
EVAN : Tue ce bâtard ! Fais-lui exploser le crâne !
GWEN : Pose ce putain de flingue !
EVAN : Tue-le !
GWEN : Je vais tirer, pose ton flingue.
EVAN : Appuie sur la gâchette, Huw.
Huw a son arme collée contre la tempe d’Owen, il ne peut pas le rater. Owen secoue la tête vers Gwen, elle se laisse faire, Huw lui prend son arme des mains. Evan se relève et s’adresse doucement à Owen.
EVAN : Et si tu me filais ton flingue, mon vieux ?
Owen donne son arme à Evan qui le prend. Il lui caresse le visage avec la crosse, tandis qu’Owen et Gwen se dévisagent mutuellement.
INTERIEUR - MAISON DE SHERMAN
Gwen, Owen et Toshiko sont projetés vers l’arrière de la cuisine, dans la maison de Sherman. Un groupe d’habitants est assis à la table.
TOSHIKO : Qui sont ces gens ?
HELEN : C’est notre village.
GWEN : Les villageois sont morts !
Helen rit, les autres sourient, délaissant leur nourriture.
TOSHIKO : Ils sont tous dans le coup. Ils ont commis tous ces crimes.
EVAN : C’est notre récolte.
OWEN : Uniquement des purs produits du terroir, espèces de malades d’enculés !
Les villageois leur rient au nez. Evan et Huw les poussent à entrer dans la zone bâchée de plastique. Gwen trébuche sur Kieran avant de le voir.
GWEN : Tu vas bien ? Tu vas bien ?
TOSHIKO : Où est Ianto ? Que lui avez-vous fait ?
Evan se penche derrière la table et soulève Ianto. Il lui retire le sac de la tête. Il a été roué de coups, et est inconscient. Owen suffoque, sous le choc, il tente de bouger mais Huw le tient fermement. Evan gifle Ianto.
EVAN : Réveille-toi mon gars.
Ianto ouvre les yeux, il se met à trembler de peur devant Evan qui le tient.
EVAN : C’est l’heure de la saignée !
Evan prend un fendoir [couteau de boucher] posé sur la table, et soulève la tête de Ianto bien en l’air. Sa main sur le menton, le forçant à ouvrir la bouche.
EVAN : Comme un veau… Ça dure plus longtemps, mais ça donne vraiment un meilleur goût à la viande.
Depuis la cuisine, Helen remarque qu’un bol a bougé, elle fronce les sourcils. Evan entend du bruit qui vient des portes en bois à l’entrée. Il vient se placer à côté de Huw qui sort son arme et vise la porte.
EVAN : C’est quoi ? Fais chier !
Un tracteur démolit les portes, Jack sort du véhicule, et tire sur tous les villageois avec un fusil. Ils sont allongés, blessés, Huw arrive à saisir une arme mais Jack le voit.
JACK : Oh tu crois ça ?
Jack blesse Huw à la main et s’approche d’Evan. Il le soulève par le col et colle son revolver contre son menton.
GWEN : Non, Jack ! Ne le tue pas !
Gwen s’avance vers Jack, et le supplie.
JACK : Ces personnes ne méritent aucun ménagement !
GWEN : Laisse moi l’interroger. Je dois savoir, je veux savoir pourquoi, sinon tout ceci, ça va me rendre dingue.
TOSHIKO : Ils sont blessés, on doit les amener à l’hôpital.
GWEN : Owen, freine l’hémorragie et appelle la police. Jack, je t’en prie, donne moi une heure avec lui. Ne me dis pas que tu n’as pas envie de savoir toi aussi.
Gwen pose une main sur l’épaule de Jack qui relâche Evan.
INTERIEUR - LE BAR - MATIN
Gwen est assise à une table, dans le bar, faisant face à Evan. Jack est assis non loin d’eux, il les observe.
GWEN : Tout le village était dans le coup.
EVAN : Chaque génération, c’est une tradition. Une fois tous les dix ans, on s’en prend aux voyageurs, c’est les plus enclins à disparaître.
GWEN : Et vous les saignez. Quelle genre de personnes êtes-vous pour vous réveiller le matin en vous disant que c’est ce que vous allez faire ? Pourquoi faites-vous ça ? Dites moi, que je comprenne.
EVAN : Qu’est-ce que ça peut vous faire ?
GWEN : J’ai vu des choses que vous ne pourriez pas imaginer, mais ça, c’est la seule chose que je ne comprends pas.
Evan la regarde et ricane. Jack l’observe, impassible.
EVAN : Alors continuez à vous interroger.
GWEN : Dites-moi, j’ai besoin de savoir pourquoi !
Gwen s’est mise à crier, Jack se lève, il pose une main sur l’épaule d’Evan.
JACK : Ça suffit. Il faut y aller.
EVAN : Je veux bien vous dire quelque chose, mais je vais vous le murmurer à l’oreille.
Jack le lâche, Gwen fait un léger signe de la tête. Evan se penche avec avidité par-dessus la table et chuchote à l’oreille de Gwen.
EVAN : Parce que ça me faisait plaisir.
Jack soulève Evan par le col et l’éloigne de Gwen.
JACK : Allez, dehors.
Jack pousse Evan du bar, laissant Gwen seule, sous le choc, incapable de comprendre.
EXTERIEUR - ROUTE ATTENANTE AU BAR - PLUS TARD
Des ambulances et des voitures de police sont garées de façon éparse devant les maisons. Ianto est assis à l’arrière du coffre du 4x4. Owen et Jack sont debout à l’avant du 4x4, à observer la scène. Toshiko discute avec des ambulanciers. Quand Gwen sort enfin du bar, elle aperçoit Huw qui est emmené par les agents de police, tandis qu’Evan est forcé à monter dans une voiture de patrouille. Gwen passe devant Owen et Jack, sans parler.
INTERIEUR - APPARTEMENT DE GWEN - PLUS TARD
Gwen est sur la banquette, assise à côté de Rhys.
GWEN (en voix off) : j’avais un bon boulot avant celui-ci. Je m’étais dit que d’ici un an ou deux je ferais peut-être un bébé, je sais que Rhys sera un bon papa, j’aurais aussi essayé de devenir sergent-chef…
PLAN COUPE SUR
RUE DE CARDIFF - SOIR
Gwen marche seule sur cette rue, ce soir-là.
GWEN (voix off) : Tout se mettait en place peu à peu… et puis je vous ai rencontré.
PLAN COUPE SUR
INTERIEUR - CHAMBRE D’OWEN - NUIT
Gwen est debout devant les vitres sombres de la chambre à coucher d’Owen, à contempler Cardiff. Elle porte une chemise d’homme.
GWEN (voix off) : Toutes ces choses, toutes ces choses sont en train de me changer. De changer ma vision du monde et je ne peux la partager avec personne.
Owen entre, torse nu, et reste debout derrière Gwen. Ils ferment les yeux.
OWEN : Maintenant tu peux.
Gwen saisit les mains d’Owen et les serre autour de sa taille, elle pose sa tête contre son épaule, puis elle se tourne pour l’embrasser avec passion.
Générique de fin